Un Poulet à (l')Anvers
C'était un très beau cadeau d'anniversaire et une jolie
surprise que ce petit séjour en amoureux à Anvers... La ville n'est qu'à deux heures de
Paris (quand les trains roulent) et le dépaysement est garanti. Certes, vous
ne retrouverez pas le charme de l'ensorcelante Bruges, le comité d'urbanisme
anversois ayant fait un peu n'importe quoi dès que vous quittez le très
restreint vieux centre... Mais à chacun d'apprécier la beauté d'un bloc de
béton de l'ère post-soviétique. On sent, dans la ville, l'influence des
Pays-Bas, dans sa langue, déjà, incompréhensible et imprononçable pour qui n'a
pas les gènes adéquats, dans sa jeunesse et son exubérance capillaire, je me comprends... C'est la ville de la mode, une mode, d'après ce que j'ai pu en
voir, très classique, hormis la superbe boutique Dries van Noten sur Godefriduskaai. Mais Poulet ne porte pas souvent de laminé or, ça ne lui sied pas
très bien au teint. Vous trouverez ensuite toutes les marques que l'on trouve
dans les grandes villes, il faudra juste vous méfier des horaires d'ouverture
puisque tout ou presque ferme à 18h-18h30...
Façade sur la Grand Place / Cathédrale Notre-Dame / Madones au coin des rues
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Culturellement, c'est aussi la ville
de prédilection du peintre Pierre-Paul Rubens. Sa passion pour l'Antique l'amena à
transformer sa maison, de tradition flamande, en petite villa italienne avec
portique et statues gréco-romaines. Vous tomberez en amour devant les murs intérieurs plaqués cuirs dorés à motifs floraux et le panneau explicatif de la Rubenshuis vous
dira que ce n'est pas de l'or mais de l'argent qui donne au cuir ces reflets
caractérisés. Dans un autre genre, l'exposition de l'artiste contemporain
Anselm Kiefer au Musée des Beaux-Arts (jusquà fin janvier 2011) est
simplement stupéfiante, tant au niveau des œuvres monumentales que de
l'accrochage. Les collections permanentes ne sont cependant plus exposées durant les trois années de rénovation du musée.
Coeur sur Kaasrui / Place de la cathédrale / Rubenshuis
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Les gens mangent tôt à Anvers et les rues se vident dès 22h... Normal, on est au nord. Quoi ? On parle de nourriture et votre estomac crie famine ?? Loin de faire un état général sur la gastronomie belge et surtout flamande, il n'y a pas de moules à Anvers. Ça tombe bien, j'aime pas les moules. Curieusement, beaucoup de restaurants proposent sur leur carte de la viande de cheval. Euh... Pour çà-aussi, on repassera... On s'arrêtera plutôt sur cette fameuse pâte de speculoos, née d'un concours culinaire et devenue aujourd'hui l'un des best-sellers des supermarchés. C'est tout ce qu'il ne faut pas nutritionnellement parlant, mais j'avoue, c'est très bon sur du pain frais au petit-déjeuner. Du vrai pain, pas du pain acheté dans le même supermarché ! Sinon, je ne saurais que trop vous conseiller d'aller déjeuner (prévoir du temps, y'a pas que les Suisses qui sont lents ;)) ou, mieux, goûter au Pain Quotidien sur la petite Lange Kievitstraat. Car le concept est belge, on a tendance à l'oublier. La chaîne fête ses 20 ans cette année. Le tout premier menu apparaît de nouveau sur le tableau noir à la craie. Mention spéciale pour la salade (bio) quinoa, betterave, hoummos et légumes grillés, et pour la bombe au chocolat, mousse ultra légère sur quatre-quart très peu salé. C'est un des rares endroits intimes de la ville, où vous pourrez vous poser, au chaud, et regarder les passants... passer. Evitez le Grand Café Herta (mais non, c'est Horta, les expresso aux saucisses n'existent pas !) qui n'a d'intérêt que les remplois d'une maison bruxelloise réalisée par l'architecte Art Nouveau et laissée à l'abandon pendant des années.
Bombe chocolat / "Il y a plus important dans la vie que le chocolat... mais pas maintenant" / Pâte au speculoos
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Pour un petit dîner romantique, par contre, allez chez De Pottelijker. Seulement 29 couverts, l'accueil est charmant, l'ambiance pleine de bougies et de lanternes en bois et la cuisine simple mais excellente. Les scampi, entre crevettes et gambas, sont préparées comme des escargots, au beurre persillé, relevé d'un peu de piment, et la sauce roquefort qui accompagne le steak est une parfaite réussite. Comme les frites, comme les frites... Le carillon de la cathédrale sonne tous les quarts d'heure et l'envie lui prend, le vendredi veille de Toussaint, de jouer pendant une heure ses morceaux de musique préférés. C'est charmant et pas désagréable... N'allez pas à Anvers si vous voulez vous sustenter de gaufres, ce n'est pas leur spécialité. Vous en trouverez certes, chez des vendeurs ambulants, mais ce sera souvent la version ronde, faite à partir d'une boule de pâte beaucoup trop lourde à digérer, croyez-moi. Oh... J'allais oublier, l'impensable... Les chocolats !!! C'est chez Neuhaus uniquement pour moi (et la famille royale accessoirement), des merveilles de créativité et de finesse. Vous y dépenserez une bonne partie de votre fortune... L'autre partie finira en fumée chez Dille & Kamille, le plus beau magasin d'ustensiles de cuisine au monde, autrement appelé "Chickenland" (voir le post que je leur avais consacré ici). Et pour parfaire vos nuits, le CTEATC (Chicken Travel European Air Tour Corporation) vous propose de séjourner chez Els Hubert qui tient la splendide chambre d'hôtes The Big Sleep. Esprit loft industriel new-yorkais, dans le superbe quartier des antiquaires et des maisons d'architectes près de l'Escaut et un sourire plein de gentillesse à la clé. Poulet se plumerait pour y habiter et y fonder un gouvernement...
Restaurant De Pottekijker / Archictecture contemporaine flamande / The Big Sleep