Les Fidés
On ne dit jamais assez l'importance des souvenirs de cuisine. J'avais déjà évoqué avec vous ici cette désormais célèbre "tarte flamande de Juliette" qui attendait sur le buffet. Le dimanche soir, quand il n'y avait pas grand chose dans le frigo ou que je n'avais pas très faim, ma grand-mère savoyarde avait l'habitude de cuisiner des fidés, sorte de risotto de vermicelles très simple à faire. Il fallait forcément aussi, dans l'assiette, une tranche de jambon et des cornichons que je mettais à réchauffer dans ces deux-trois cuillères de fidés tout juste servis. C'est bon, les cornichons chauds... L'origine des fidés serait liée aux échanges entre le Dûché de Savoie et le Piémont italien. La recette a connu un vif succès au 17ème et 18ème siècles, sous une forme légèrement différente puisque la fabrication des vermicelles, plus gros, s'est arrêtée. Il reste ce nom, un peu bizarre, venant peut-être des "fidaws" arabes, mentionnés dès le 13ème siècle dans le sud de l'Europe actuelle, ou, plus véritablement, d’une cocotte en fonte, le fide, qui s’adaptait sur la cuisinière à bois. Les fidés se servent, parait- il, avec un plat de gibier ou volaille. La véritable recette utilise, je ne le savais pas, oignons, ail et fromage. Je vous transmets la mienne, désormais...
Dans une casserole, faîtes fondre un gros morceau de beurre. Versez-y deux bonnes poignées de vermicelles (pour deux personnes) et faîtes colorer doucement sans cesser de remuer. Attention, les vermicelles brûlent très vite ! Vous devrez avoir quelques pâtes dorées à souhait pour donner ce petit goût particulier au plat. Hors du feu, mouillez à hauteur, à l'eau bouillante salée. Laissez cuire en remuant de temps en temps jusqu'à évaporation complète du liquide. Vérifiez la cuisson des vermicelles et rajoutez un peu d'eau si besoin, et quelques minutes de cuisson. Et servez très salé ! C'est comme çà que je les préfère... C'est prêt...
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Merci à Frédéric Zégierman pour ces recherches passionnantes.
Ci-dessus, à droite, pas un vrai polaroïd, mais une photographie de Charles Nègre, Deux Petits Savoyards, datant de 1853. Le tirage d'époque est réalisé sur papier albuminé, à partir d'un négatif sur plaque de verre au collodion humide (source RKG).